mercredi 10 octobre 2007

NOTRE AGENT EN JUDÉE par Franco Mimmi

Et si la dramatique histoire du Christ n'était qu'une opération politique romaine qui aurait mal tourné en Palestine ?
Cette idée sert de colonne vertébrale au scénario de l'astucieux roman de l'Italien Franco Mimmi qui renouvèle ce nouveau sous-genre littéraire tournant autour du personnage de Jésus, accommodé à toutes les sauces, de la meilleure à la moins digeste, et qu'on pourrait appeler «Christifiction»...
Sous l'empereur Tibère, la Palestine est toujours un chaudron politique et au rythme ou vont les choses, comme le dit un des personnages, il n'y aura bientôt plus assez d'arbres dans la colonie pour fournir les croix sur lesquels sont crucifiés des milliers de Juifs pratiquant la rebellion armée contre l'envahisseur.
Ponce Pilate, principal pourvoyeur en crucifiés commence lui-même à avoir des doutes sur sa méthode et à sentir que son avenir politique pourrait être compromis en cas de nouvelle révolte. C'est alors que Caïphe, le grand prêtre du Jérusalem, qui entretient des relations d'intérêt avec Ponce Pilate, propose à celui-ci de favoriser l'ascension d'un nouveau prophète nommé Jésus et qui prêche l'amour et le pardon universel au nom de Dieu. Enfin un prophète juif qui n'appelle pas aux armes ! Et qui, de surcroît, pourrait inciter ceux qui le suivent à mieux considérer les Romains, favorisant ainsi un espoir de paix civile dans la région.
Mais, si tout commence plutôt bien, quelques grains de sable ne vont pas tarder à gripper la machine et ouvrir la voie à la tragédie que l'on sait...
Dans un style clair et limpide, Franco Mimmi (qui a étudié son sujet dans les détails) propose au lecteur une relecture inspirée de la fin de la vie de Jésus et sans y mettre un atome de fantastique religieux. Jésus est ici un personnage historique, au sens strict du terme, un personnage attachant qu'on suit avec bienveillance dans sa marche vers un désastre annoncé mais qui ne se produira pas du tout pour les raisons exposées dans les textes sacrés.
Notre agent en Judée (Folio«policier» #422, 2006) a reçu en 2000 le Prix Scerbanenco (du nom d'un des plus fameux auteurs de polar noir italiens) pour le meilleur roman policier de l'année publié en Italie.
RDN

samedi 6 octobre 2007

CRYPTOZOOLOGIE : une biographie et un inédit de Bernard Heuvelmans !

La première biographie de Bernard Heuvelmans (1916-2001), l’homme à qui la cryptozoologie doit son nom, une grande partie de sa crédibilité et sa croissance comme discipline scientifique à part entière depuis les années 1950 est enfin parue !
Ce livre ouvre la «Bibliothèque Heuvelmansienne» aux éditions de l’Oeil du Sphinx et sous la direction de Jean-Luc Rivera. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, il est publié en même temps qu’un inédit de Bernard Heuvelmans, Les félins encore inconnus d’Afrique !




Ami et collègue de très longue date de Bernard Heuvelmans, Jean-Jacques Barloy était bien placé pour écrire ce Bernard Heuvelmans : un rebelle de la Science. L’ouvrage, illustré de nombreuses photos inédites, repose sur les souvenirs personnels du Dr Barloy mais aussi sur l’importante documentation issue des archives de Bernard Heuvelmans et mise à sa disposition.
Rebelle aux dogmes, le Dr Heuvelmans l’a été toute sa vie mais sans pour autant entrer dans les rangs des «damnés» de l’establishment scientifique. C’était ce qu’on appelle aujourd’hui un électron libre du milieu académique, quelqu’un qui a réussi à échapper toute sa vie au système des subventions pour organiser ses recherches à peu près comme il l’entendait. Le prix à payer pour cette liberté intellectuelle fut une vie nettement plus spartiate que celle d’un chercheur professionnel ou d’un professeur d’université. Mais ce genre de «sanction» n’était pas du genre à faire reculer quelqu’un comme Bernard Heuvelmans, qui fut toujours soutenu par un cercle d’amis proches et par la femme qui illumina sa vie, l’écrivain Monique Watteau fort connue aussi dans le milieu de la peinture sous le nom d’Alika Lindbergh après son mariage dans les années 1960 avec le fils du célèbre aviateur américain.
Animé d’un respect sans faille pour tout ce qui était vivant, Bernard Heuvelmans avait adhéré au bouddhisme et affichait un dégoût profond pour tous ceux maltraitaient les animaux. Pour lui, aucune cause ne pouvait justifier cette maltraitance, y compris la recherche médicale et… la cryptozoologie ! Il faisait en effet partie de la minorité de chercheurs qui auraient été capables de laisser partir un Yéti plutôt que de devoir l’abattre pour en ramener la dépouille afin de satisfaire la fixation pour les preuves matérielles de la zoologie académique.
Bernard Heuvelmans était aussi un écrivain brillant avec un talent particulier pour saisir l’attention de ses lecteurs. Avec lui, la science devenait roman et le compliqué accessible à tous. Ses livres de cryptozoologie se dévorent souvent comme des thrillers d’exploration et d’aventures. D’ailleurs ce beau brin de plume taillé pour l’aventure et l’extraordinaire avait déjà été remarqué au début des années 1950 par l’éditeur belge Marabout qui avait alors proposé à Bernard Heuvelmans d’écrire ce qui allait devenir la série Bob Morane. Sentant que cela risquait de dépasser ses capacités de travail pourtant impressionnantes, Bernard Heuvelmans avait décliné l’offre et proposé à sa place son ami Charles Dewisme qui allait connaître ainsi la gloire sous le nom de Henri Vernes…

Ce talent de conteur érudit sans jamais devenir raseur se retrouve évidemment dans l’autre inédit proposé par l’Oeil du Sphinx, Les félins encore inconnus d’Afrique. Au travers de trois grandes parties qui sont autant d’enquêtes zoologiques, Bernard Heuvelmans opère une exploration fascinante du monde des félins mystérieux du continent noir, exploration dominée par le tiers du livre réservé au mystère des apparitions documentées au fil des décennies de ce qui ressemble à des cousins des terribles tigres à dents-de-sabre de la préhistoire qui terrorisaient nos ancêtres des cavernes. Ce croisement entre les célèbres romans des «Âges farouches» (on pense ici plus au Félin géant qu’à La Guerre du Feu) de J. H. Rosny aîné et les récits de grandes chasses et d’explorations africaines constitue un moment de lecture exceptionnel.
Pour se procurer ces livres en grand format, le plus simple est bien sûr de se rendre sur le site http://www.oeildusphinx.com/.

RDN